Dannah Gresh : Avez-vous déjà été blessée par quelqu’un ? Oui, on a tous déjà tous été blessés par une autre personne. Ça veut dire qu’on a tous besoin de recevoir la grâce du pardon. Et Dieu, lui, veut nous la donner.
Nancy DeMoss Wolgemuth : On dit que les animaux sauvages les plus dangereux sont ceux qui ont été blessés. De la même manière, les personnes blessées qui ne reçoivent pas la grâce de Dieu se mettent souvent à leur tour à blesser les autres.
Dannah : Vous écoutez Réveille Nos Cœurs. Nous sommes au beau milieu d’une série de douze podcasts qui s’appelle Retrouver Dieu : la joie d’une foi renouvelée. Si vous rejoignez cette série aujourd’hui pour la première fois, ou alors que vous avez loupé l’un ou l’autre épisode, je vous invite à visiter notre site internet french.flywheelstaging.com où vous pouvez trouver tous les épisodes de cette série. Aujourd’hui, dans ce 9ème épisode, nous allons voir, et ceci d’une manière très percutante, ce qui se passe quand on ne pardonne pas.
Nancy : Est-ce que vous avez lu Les Grandes Espérances, de Charles Dickens, vous savez, ce fameux classique de la littérature anglaise ? Si vous l’avez lu, vous vous souvenez peut-être de Miss Havisham, l’un des personnages principaux, une vieille dame assez excentrique. Il s’était passé pour elle un événement très particulier ; c’était des années et des années auparavant. Le jour de son mariage, elle s’était habillée et attendait son fiancé, qui devait être là à 9 heures. Le repas de noces était déjà prêt, tout était disposé sur les tables : un festin grandiose, avec une gigantesque pièce.
Et à neuf heures moins vingt exactement, elle reçoit un message : le futur marié ne viendra pas à la noce, parce qu’il est parti avec une autre !
À dater de ce jour, Miss Havisham se fixe un seul but dans la vie : elle se vengera des hommes ! Elle tourne le dos à l’avenir et s’enferme dans le passé. Elle continue de porter sa robe et son voile de mariée qui se fanent, qui jaunissent et qui partent en lambeaux. Mais elle ne les enlève pas, elle les porte jour après jour.
Dans sa maison, toutes les horloges sont arrêtées à – devinez quelle heure – neuf heures moins vingt. Miss Havisham masque toutes les fenêtres d’épais rideaux pour que le soleil n’entre jamais. Elle vit recluse avec sa fille adoptive. Elle a laissé le festin et la pièce montée pourrir sur les tables et au fil du temps, les souris et les araignées ont tout dévoré ; d’ailleurs, on entend les souris courir dans les murs. Vous voyez un peu le tableau, après toutes ces années ? C’est un décor pour le moins macabre…
Le personnage principal du roman est un garçon nommé Philipp, on le surnomme Pip. Et un jour, il rend visite à Miss Havisham qui a son anniversaire, mais qui ne veut pas en entendre parler. Voilà ce qu’elle dit à Pip : « En ce jour de l’année, bien avant ta naissance, on a apporté ici ce tas de détritus. Et ces détritus et moi, nous avons ensemble subi les ravages du temps. Les souris ont tout rongé. Mais moi, j’ai été rongée par des dents encore plus acérées que celles des souris. »
Ces « dents acérées » dont elle parle, bien sûr, ce sont les dents de l’amertume, du ressentiment et du refus de pardonner. Une image forte qui illustre si bien ce que beaucoup de gens éprouvent aujourd’hui. Des gens qui vivent dans le passé, qui sont pris en otage par des offenses, des blessures et des événements qui datent de très longtemps. Ces personnes refusent de passer à autre chose !
Peut-être que, vous-même, vous vous trouvez dans cette situation. Vous savez exactement quand l’horloge s’est arrêtée dans votre vie – le jour, l’heure, le lieu, les circonstances. Peut-être que ça s’est passé il y a des années, mais aujourd’hui encore, vous vivez sur un « tas de détritus ». Les dents de l’amertume et du ressentiment vous ont rongée, usée, et finalement vous détruisent.
Peut-être que c’est un événement qui ne s’est pas passé il y a des années, mais que c’est très récent. Alors l’exemple de Miss Havisham illustre l’endroit où vous pourriez aboutir, en passant à côté de la vie dont Dieu veut que vous profitiez aujourd’hui.
Mais heureusement : vous n’êtes pas obligée de finir comme Miss Havisham ! Dieu veut vous faire grâce. La grâce, on en a parlé dans cette série : Dieu fait grâce aux personnes humbles. Il veut vous faire la grâce d’aller de l’avant. Il veut vous libérer de vos blessures et de vos souffrances du passé.
Vous vous rappelez que dans la première partie de cette série Retrouver Dieu, on a abordé la manière d’expérimenter le réveil dans notre relation verticale avec le Seigneur. Dans cette deuxième partie, on est en train d’aborder la mise en pratique de cette relation verticale dans nos relations les uns avec les autres.
La dernière fois, on a vu comment avoir une conscience pure, et comment régler le mal que nous avons fait aux autres. Et aujourd’hui, on va parler du mal que les autres nous ont fait. Et de comment gérer ces situations. Quand il s’agissait du mal que nous, on faisait aux autres, on pouvait admettre notre part de responsabilité, et comprendre qu’on devait purifier notre conscience. Mais si ce sont les autres qui nous ont fait du tort, on n’en est pas responsables. Ce sont eux qui nous ont fait souffrir, eux qui nous ont blessés, ou qui ont plus ou moins détruit notre vie – on n’est pas responsable, on n’a aucun contrôle là-dessus. Alors comment répondre à ces situations d’une manière qui est libératrice pour nous ?
J’aimerais qu’on puisse s’arrêter un peu sur ce passage du chapitre 4 de l’épître aux Éphésiens, à partir du verset 30, où l’apôtre Paul dit : « N’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu. » Il parle des offenses qui peuvent nous être faites et de la façon dont on réagit, cette façon qui peut attrister le Saint-Esprit qui vit en nous. Et Paul nous dit : « Ne faites pas cela. Veillez à ne pas le faire. »
Si on ne veut pas attrister le Saint-Esprit, alors le verset 31 dit que nous avons à « faire disparaître du milieu de nous toute amertume, toute colère, toute calomnie, et toute espèce de méchanceté ».
On va prendre le premier terme de la liste : l’amertume. Elle doit disparaître du milieu de nous. L’amertume, c’est une réaction de colère ou de ressentiment face à des circonstances douloureuses ou des personnes difficiles. Cela englobe pas mal de choses, n’est-ce pas ?
Les circonstances, c’est par exemple une inondation qui a détruit votre maison – et ça n’est la faute de personne. Ou bien, ça peut être aussi une personne ! Un fils, une fille, un de nos petits-enfants qui nous a blessées, un chef, un employeur, un ami, un professeur, un parent, notre conjoint. Il peut s’agir de personnes ou de circonstances. Que ce soient les unes et les autres, ça peut être très difficile, et même très douloureux.
On réagit souvent à ces circonstances par la colère ou le ressentiment. On se dit : « Cela n’aurait pas dû m’arriver à moi. Je suis en colère. Je vais garder ça sur le cœur, je ne vais jamais oublier ! Je vais en vouloir à cette personne ou à cette circonstance. » Et cela devient de l’amertume – de l’amertume dans notre âme.
Dans la Bible, on voit que l’amertume est liée à d’autres « associés » pas très sympathiques. En regardant les versets qui parlent de l’amertume, on peut voir qu’elle va de pair avec :
- l’animosité, la colère, les éclats de voix et la médisance (Éph. 4)
- dans d’autres passages, il est question de dureté,
- la malédiction dans Romains 3 :14,
- la jalousie dans Jacques 3 :14.
L’amertume attriste l’Esprit de Dieu.
En fin de compte, peu importe la personne, la circonstance, l’instrument qui a provoqué mon amertume ; l’amertume met en lumière mon manque de confiance en Dieu. Elle démontre que je résiste à son plan et à son action dans ma vie.
Voilà pourquoi l’apôtre Paul dit : « Fais disparaître ces choses de ta vie. Ne permets à rien de tout cela de s’installer. Au lieu de cela, il faut mettre quelque chose à la place ! C’est un mécanisme qui est évoqué de nombreuses fois dans le Nouveau Testament, en particulier dans les Épîtres : « Enlevez ceci, et mettez cela à la place. » Parce que si vous enlevez quelque chose de mauvais, mais que vous ne le remplacez pas par quelque chose de bon, vous risquez de vous retrouver avec plus de ce qui est mauvais, que ce que vous n’auriez jamais imaginé.
Donc Éphésiens 4, verset 31 dit : « faites disparaître toute amertume, toute animosité, toute colère, tout éclat de voix… » et tout le reste et, à la place : 4 :32 « Soyez bons et pleins de compassion les uns envers les autres; pardonnez-vous réciproquement comme Dieu nous a pardonné en Christ. » (SG21)
Il y aurait tellement de choses à dire sur le pardon, même tout un livre à écrire sur le sujet ! Mais là, on s’arrête sur cette phrase : « pardonnez-vous réciproquement » … On a tendance à se focaliser sur le mal que les autres nous ont fait. Mais cette phrase : « vous pardonnant réciproquement » montre bien qu’on a tous besoin d’être pardonnés. J’ai besoin de te pardonner, et tu as besoin de me pardonner. « Vous pardonnant réciproquement » … Ça veut dire que certaines personnes nous offensent, et que nous offensons certaines personnes – au travail, dans notre couple, avec nos enfants, avec nos colocataires, dans nos communautés chrétiennes… On a tous besoin d’être pardonnés et on a tous besoin de pardonner.
L’auteur de l’épître aux Hébreux dit au chapitre 12 :14 « Recherchez la paix avec tous. » (SG21) Bien sûr, il y a des gens qui ne veulent tout simplement pas faire la paix. C’est pour ça que la Bible dit : « S’il est possible, autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes. » (Romains 12 :18)
On ne peut pas imposer à une personne la conduite qu’elle devrait avoir.
Mais l’auteur de l’épître aux Hébreux dit : « Recherchez la paix avec tous … » Allez-y. Essayez. Voyez si c’est possible. Et recherchez « … la sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur. »
Ensuite, au verset 15 du même chapitre 12, il précise : Veillez à ce que personne ne se prive de la grâce de Dieu, à ce qu’aucune racine d’amertume, produisant des rejetons, ne cause du trouble et que beaucoup n’en soient infectés. (SG21)
Quelle est l’alternative à l’amertume ? C’est la grâce. Dans cette série, on en parle et on en parle encore. Quel privilège de savoir que Dieu tient à ma disposition et à la vôtre la grâce nécessaire pour faire face à toutes les circonstances qui se présentent dans notre vie et pour qu’on puisse y réagir de la meilleure façon !
Aussi horrible et odieux que soit le mal que les gens se font les uns aux autres (ou le mal que les autres nous ont fait…), nous avons à notre disposition la grâce pour y faire face. La grâce ne masque pas le mal. Elle n’empêche pas que ces choses soient arrivées. La grâce ne nous fait pas prétendre que ça n’a pas eu lieu. Ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Ces choses sont arrivées, et nous devons réagir. L’alternative à l’amertume est donc de recevoir la grâce que Dieu veut nous donner pour faire face à cette circonstance.
« Veillez à ce que personne ne se prive de la grâce de Dieu » … Je crois que ça veut dire que nous avons la responsabilité de nous aider les uns les autres à marcher dans la grâce. Car parfois on ne voit pas notre propre amertume, ou on ne voit pas la grâce que Dieu veut nous donner. Voilà pourquoi on a besoin les uns des autres.
C’est mon but aujourd’hui, de faire en sorte qu’aucun de ceux qui écoutent ne passe à côté de la grâce de Dieu. J’aimerais que vous la receviez, cette grâce, parce que je sais que si vous ne la recevez pas, votre seule alternative est de tomber dans le piège de l’amertume. Donc, veillez à ce qu’aucune racine d’amertume ne se mette à pousser en vous. Si c’est le cas, beaucoup de gens dans votre entourage en seront affectés.
Vous savez, ce mot « racine » d’amertume me fait penser à une promenade en forêt… On a pas mal de forêts à côté de chez nous, et dans ces forêts, il y a des racines partout. La plupart de ces racines sont enfouies dans le sol, mais il y en a qui affleurent à la surface. Et s’il fait un peu sombre, ou si vous ne faites pas attention, vous risquez de trébucher sur une de ces racines. Une racine, ce n’est pas grand-chose, mais si vous tombez, vous pouvez vous faire très mal, voire même être défigurée, n’est-ce pas ?
L’amertume est une racine. Souvent, elle reste enfouie. Mais elle peut aussi remonter à la surface, commencer à s’étendre, grandir, se multiplier, etc…. (Bon, l’image n’est pas très bonne, et l’analogie n’est pas parfaite, mais vous comprenez le sens). L’auteur de l’épître aux Hébreux dit que quand cette racine d’amertume va se mettre à pousser, elle va causer des problèmes. « Elle produira du trouble, et plusieurs en seront infectés. »
« Infectés », ou « contaminés » … « Plusieurs en seront contaminés. » Ce « plusieurs » vous inclut, vous. Vous allez être contaminé(e) par cette racine d’amertume.
Les gens amers deviennent durs, froids, déprimés, négatifs et difficiles à vivre. Voilà ce qui nous attend si l’on ne reçoit pas la grâce de Dieu, si on laisse cette racine d’amertume pousser dans notre cœur.
Donc, ça nous infecte. Et les autres aussi en seront contaminés. Parce qu’on devient de ces gens acariâtres, que personne n’a envie de côtoyer. On va empoisonner l’atmosphère de nos maisons et de nos lieux de travail. Vous avez déjà côtoyé ce genre de personne ? Avec eux, l’atmosphère est pesante, il y a quelque chose qui « sent mauvais ». À mesure que l’amertume enfle, et qu’elle déborde du cœur, le ton devient acerbe, les relations se détériorent : on ne sait plus comment se comporter avec des personnes comme cela.
On dit que les animaux sauvages les plus dangereux sont ceux qui ont été blessés. De la même manière, les personnes blessées qui ne reçoivent pas la grâce de Dieu se mettent souvent à leur tour à blesser les autres. Et c’est ainsi que « plusieurs en sont infectés ». Cette racine d’amertume finira par faire du mal à beaucoup de gens.
Je me rappelle une conversation que j’ai eue il y a quelques années avec une amie auteure et conférencière. Elle me parlait de la situation que son mari vivait avec son partenaire commercial et qui menaçait de les conduire à la faillite, son mari et elle. C’était affreux. C’était vicieux. Je ne me souviens plus de tous les détails, mais c’était quelque chose qui risquait de les détruire.
Cette amie avait de sérieuses raisons d’être amère. Dans la même situation d’ailleurs, beaucoup de gens l’auraient été. Mais au lieu de cela, elle recherchait la paix avec ce partenaire commercial. Elle priait et cherchait la solution de Dieu, dans ce conflit.
Et dans la vie de cette femme et de son mari, il y a un doux fruit qui naissait déjà. Si ce couple avait été amer, ce sont les effets toxiques de l’amertume qu’on aurait pu voir chez eux. Mais cette femme, qu’est-ce qu’elle faisait ? En plein cœur de la tourmente, avant même de connaître l’issue de la situation, avant même de savoir si son mari allait tout perdre, si leur entreprise allait couler, elle s’appuyait sur la grâce de Dieu.
Elle n’avait aucun contrôle sur l’issue du conflit, mais elle avait le pouvoir sur sa réaction à elle. Et cette amie me disait : « Dieu a pour mon mari et moi une grâce qu’il veut nous donner dans cette circonstance. Et je vais l’obtenir, je vais la recevoir. »
Cela me fait penser à un vieux cantique anglais intitulé « Quelle solide fondation« . Il a été écrit en 1787 par John Rippon*. Il y a une strophe qui dit à peu près ceci :
Quand ton chemin traversera l’épreuve du feu,
Ma grâce toute suffisante sera ton soutien.
La flamme ne te fera pas de mal…
[Imaginez un peu : vous traversez l’épreuve du feu, et Dieu dit : « Aie confiance en moi, les flammes ne te feront aucun mal ! » Ça me rappelle aussi l’exemple dans l’Ancien Testament : les trois compagnons de Daniel, trois jeunes Hébreux qui avaient été jetés dans une fournaise ardente.]
… La flamme ne te fera pas de mal.
Je n’ai conçu cette épreuve
Que pour consumer tes scories…
[Les scories, c’est tout ce qui n’est pas véritablement de l’or, et qui va brûler]
… Que pour consumer tes scories
Et raffiner ton or.
Qu’est-ce qu’on trouve au sein de l’épreuve ? La grâce de Dieu ! Dieu dit :
Ma grâce toute suffisante sera ton soutien.
Donc l’auteur de l’hymne dit : « Voyez la main de Dieu dans vos circonstances. Là, au milieu de l’épreuve, discernez les projets de Dieu. Découvrez ses desseins dans votre vie et dans celle des autres. Vous ne pouvez pas les voir entièrement aujourd’hui, mais un jour, vous allez pouvoir regarder en arrière et vous allez dire : « Effectivement, Dieu avait un but dans tout cela, et sa grâce a véritablement été suffisante. »
Regardez au-delà des circonstances immédiates, vers le résultat ultime que Dieu veut obtenir dans votre vie. Et sachez que dans cette perspective, l’épreuve est une bonne chose. C’est un cadeau. Il y a quelque chose que je répète souvent : tout ce qui fait que j’ai besoin de Dieu est… une bénédiction ! Je vous encourage à accueillir l’épreuve comme un don de Dieu, et puis de vous approcher avec assurance de son trône de grâce, comme Hébreux 4 nous dit de le faire.
Qu’est-ce que Dieu dit qu’on va recevoir, quand on arrivera à ce « trône de la grâce », si l’on reprend cette expression ? Oui, nous recevrons la grâce, mais Dieu dit que nous recevrons d’abord autre chose : « … afin d’obtenir miséricorde. » (Hébreux 4 :16) On a d’abord besoin de la miséricorde de Dieu. Est-ce qu’on est bien d’accord ?
Vous allez me dire : « Attends ! Mais c’est l’autre qui a besoin de miséricorde ! C’est celui qui a fait le mal ! » Non, vous aussi, vous en avez besoin. Parce que si Dieu ne vous fait pas miséricorde, vous serez exactement comme cette « autre » personne. On a tous besoin d’obtenir miséricorde « … afin de trouver grâce pour être secourus dans tous nos besoins ». (SG21)
C’est votre besoin, c’est cette situation difficile, cette « épreuve du feu », qui fait de vous un candidat à la grâce de Dieu. Demandez-lui la grâce de supporter, de traverser cette épreuve, et il protégera votre cœur de toute racine d’amertume.
Je vais relater un exemple, à ce sujet. Le Rwanda est un petit pays, un peu plus petit que la Belgique, avec une population d’environ 12 millions d’habitants. Au printemps 1994, des violences interethniques ont éclaté entre deux tribus du Rwanda. Ça vous rappelle certainement quelque chose.
Le contentieux entre ces deux tribus remontait à plusieurs générations. C’était assez compliqué (notamment pour nous qui ne venons pas de là, qui ne connaissons pas ces gens, on aurait eu de la peine à distinguer le problème entre les deux tribus. Mais voilà, ces deux tribus ne s’entendaient pas.
Au cours de ce que l’on a appelé le « génocide rwandais », l’un des génocides les plus brutaux de l’histoire, les Hutus, majoritaires, ont entrepris de massacrer les Tutsis, minoritaires. En un peu plus de trois mois, huit cent mille personnes, on parle même d’un million, ont été assassinées. Cela représente environ huit mille personnes par jour.
On se servait de machettes, de gourdins, d’armes à feu. C’était atroce. Dans certains cas, on obligeait de simples citoyens hutus à tuer des Tutsis qui avaient été leurs amis, leurs voisins. On enrôlait des enfants dans les milices. C’était horrible.
Huit mille personnes par jour… c’est énorme. On peut donner un nombre comme ça, et ça reste abstrait. Je vais essayer de le rendre un peu plus personnel.
Elle s’appelle Immaculée Ilibagiza. C’est une jeune Tutsie qui avait tout juste vingt-trois ans. Un jour, à la radio, on a appelé les Hutus à se soulever et à tuer leurs voisins tutsis. Les Hutus traitaient les Tutsis de cafards, et ils disaient : « Nous devons tous les exterminer. » C’était leur but : exterminer tous ces cafards de Tutsis, comme ils les appelaient.
Immaculée, qui était étudiante à l’époque, s’est enfuie chez un pasteur hutu, un voisin et un ami de sa famille. Il a accepté de la prendre chez lui au péril de sa vie. Il pensait que les Hutus ne viendraient pas chercher une femme tutsie dans la maison d’un pasteur hutu. Le pasteur a donc caché Immaculée et six autres femmes dans une minuscule salle de bain. Et quand je dis minuscule… elle faisait 1 m sur 1,50 m – un mètre carré et demi. Il les a abritées là pendant les quatre-vingt-onze jours qu’a encore duré ce génocide.
Ces sept femmes étaient donc enfermées dans la salle de bains, elles ne pouvaient pas toutes se lever en même temps. Certaines devaient rester assises par terre, le dos contre le mur, et prendre les plus petites sur leurs genoux. Elles ne pouvaient pas se doucher. Elles ne pouvaient pas changer de vêtements. Elles ne devaient faire aucun bruit, à peine chuchoter. Elles n’avaient presque rien à manger. Quand Immaculée est entrée dans cette salle de bains, elle pesait 52 kg. Quand elle en est sortie, 91 jours plus tard, elle n’en pesait plus que 30. Elle était squelettique.
Au début, assise dans cette salle de bain, elle n’a d’abord pensé qu’à la manière dont elle pourrait se venger. Elle se disait : « Quand je sortirai, je deviendrai militaire, et je lancerai des bombes pour détruire les Hutus. » Elle raconte : « Ça me faisait souffrir physiquement. J’avais mal au ventre, et mon sang bouillonnait de colère. La colère et la haine sont devenues obsessionnelles. C’était littéralement une maladie. J’étais à bout. »
Immaculée a écrit un livre passionnant intitulé : « Miraculée : une découverte de Dieu au cœur du génocide rwandais ». Dans ce livre, elle raconte comment, enfermée dans cette minuscule salle de bain, elle s’est débattue avec le problème du pardon :
Voilà ce qu’elle écrit : « J’ai prié le Notre Père des centaines de fois, dans l’espoir de pardonner aux tueurs qui semaient la mort tout autour de moi. Cela n’a rien donné. Chaque fois que j’arrivais à la phrase « …comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés », ma bouche devenait toute sèche. Je n’arrivais pas à prononcer ces mots. Mon incapacité à pardonner me causait une douleur encore plus grande que l’angoisse que je ressentais d’être séparée de ma famille. Et c’était pire que l’angoisse physique d’être constamment pourchassée.
Est-ce que vous vous rendez compte ? Elle dit que c’est son incapacité à pardonner qui a été l’épreuve la plus difficile à endurer pendant cette terrible période de trois mois !
Il faut dire que les redoutables milices hutues n’arrêtaient pas de revenir dans la maison, à la recherche des Tutsis qui pourraient s’y cacher. Plusieurs fois, ils ont mis la maison à sac. Mais par miracle, ils n’ont jamais trouvé les sept femmes qui étaient terrées dans la salle de bains.
Une fois, une quarantaine de Hutus ont fait une descente dans la maison. À un moment donné, ils couraient dans tous les sens, complètement ivres et déchaînés. Le vacarme était épouvantable, ils chantaient, ils riaient, ils criaient. Ils ont retourné toute la maison à la recherche de Tutsis, bien décidés à tuer ces « cafards », comme ils disaient, jusqu’au dernier.
Pour ces femmes, c’était terrifiant. Et tout à coup, elles ont entendu un des tueurs poser sa main sur la porte de la salle de bains. Mais pour une raison incompréhensible, il n’a pas tourné la poignée. Immaculée, dans son livre, raconte ce qui s’est passé en elle à ce moment-là :
« J’ai commencé à prier pour les tueurs, puis je me suis arrêtée. Je désirais désespérément la protection de Dieu, mais dans mon cœur, je croyais que ces gens méritaient de mourir. Je ne pouvais pas passer sur le fait qu’ils avaient massacré et violé des milliers de personnes. Je ne pouvais pas ignorer le mal et les horreurs qu’ils avaient fait subir à tant de personnes innocentes. »
« Pourquoi est-ce que tu attends l’impossible de moi ? » ai-je demandé à Dieu. « Comment pourrais-je pardonner à des gens qui essaient de me tuer, des gens qui ont peut-être déjà massacré ma famille et mes amis ? Dieu, je vais te demander de punir ces hommes malfaisants, mais je ne peux pas leur pardonner. Je ne peux tout simplement pas. »
[Finalement, elle a entendu que les tueurs étaient en train de partir.]
« J’ai repris mes prières. Mais cela n’a servi à rien. Mes prières étaient creuses. La guerre faisait rage dans mon âme, et mon cœur était trop plein de haine pour prier un Dieu d’amour.
J’ai demandé à Dieu de m’aider. [Et pour vous qui écoutez : ça, c’est un grand pas dans la bonne direction : « Dieu, je ne peux pas faire ça, est-ce que tu veux m’aider ? »] Et j’ai entendu sa voix : « Pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. » Ce jour-là, j’ai fait un pas décisif vers le pardon. C’était comme si ma colère s’évacuait en coulant hors de moi. J’avais ouvert mon cœur à Dieu, et Il l’avait touché de son Amour infini. Pour la première fois, j’ai eu pitié des tueurs. J’ai demandé à Dieu de pardonner leurs péchés et de tourner leurs âmes vers sa magnifique Lumière. »
« Cette nuit-là, j’ai prié avec une conscience et un cœur pur. Pour la première fois depuis que j’étais entrée dans cette salle de bains, j’ai dormi en paix. »
Pendant tout ce temps où Immaculée se cachait, sa mère, son père et deux de ses trois frères ont été tués par des soldats hutus (son troisième frère n’était pas dans le pays à l’époque, il étudiait à l’étranger et ne savait même pas ce qui se passait chez lui). Son père a été abattu une semaine après le début du génocide parce qu’il essayait d’apporter de la nourriture à des réfugiés dans un stade voisin.
Une fois le génocide terminé, Immaculée a su qu’il lui restait une chose à faire. L’homme qui commandait les troupes qui avaient pillé la maison et la plantation de ses parents, cet homme qui avait tué sa mère et ses frères, était désormais incarcéré dans une prison locale. Et Immaculée a eu la conviction qu’elle devait lui rendre visite là-bas.
On a fait sortir l’homme de sa cellule. Immaculée se souvenait de lui comme d’un homme d’affaires hutu bien habillé, sa famille le connaissait bien. Et là… il avait les cheveux en bataille. Il avait l’air misérable, pitoyable. Elle raconte qu’elle l’a regardé dans les yeux, puis elle a touché ses mains et lui a dit ce qu’elle savait qu’elle devait dire : « Je vous pardonne. Je vous pardonne. »
Le pardon… (c’est une autre histoire, c’est trop long pour raconter ça ici), mais le pardon est devenu un élément essentiel de la reconstruction du Rwanda – non seulement au niveau individuel, mais aussi au niveau collectif. Pardonner, pardonner, pardonner, et amener ceux qui avaient fait du mal à reconnaître leurs crimes.
Dans son livre, Immaculée écrit :
« J’ai décidé que lorsque les sentiments négatifs se présenteraient à moi, je n’attendrais pas qu’ils grandissent ou s’enveniment. Je me tournerais toujours immédiatement vers la Source de toute véritable puissance : je me tournerais vers Dieu et laisserais son amour et son pardon me protéger et me sauver. »
C’est un conseil, une clé essentielle si nous voulons marcher dans le pardon : lorsque les sentiments négatifs se manifestent, n’attendons pas qu’ils grandissent, qu’ils s’enveniment ou s’accumulent, mais tournons-nous immédiatement vers la Source de la grâce, de la grâce, de la grâce. Rejetons toute amertume, et pardonnons-nous les uns les autres. « Veillez à ce que personne ne se prive de la grâce de Dieu. » (Hébreux 12 :15) (SG21)
J’aimerais, en terminant aujourd’hui, que nous priions ensemble cette prière que le Seigneur Jésus nous a enseignée, la prière qu’Immaculée a priée de très nombreuses fois – des centaines de fois peut-être – pendant ces quatre-vingt-dix jours. Elle a buté sur cette phrase, mais aujourd’hui, vous n’avez pas besoin de buter sur ces mots-là. Faites simplement confiance à Dieu ; il vous fait la grâce de mettre le pardon dans votre cœur.
Prions :
« Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien, et pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal.
Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire
pour les siècles des siècles. Amen. » (Matthieu 6.9-13) (LSG)
Amen. Amen !
Dannah : Est-ce qu’une personne en particulier vous est venue à l’esprit pendant ce podcast ? Une personne qui vous a profondément blessé(e) ? Peut-être aviez-vous décidé, tout comme Miss Havisham ou Immaculée Ilibagiza, qu’il était impossible de pardonner. Alors, nous espérons qu’aujourd’hui, après avoir écouté ce podcast, vous êtes prêt(e) à revoir cette décision et à oser croire que, non seulement le pardon est possible, mais qu’il est votre chemin vers la liberté et la joie
Voulez-vous faire un premier pas sur ce chemin du pardon ? C’est un pas qui permettra à Dieu de transformer votre cœur et vos pensées. Et alors, vous découvrirez la pensée de Dieu à propos du pardon, de l’honnêteté, de la repentance, d’une conscience tranquille et de tant d’autres sujets importants. D’ailleurs, chacun de ces sujets est exploré dans cette série de podcasts Retrouver Dieu. Vous pouvez les approfondir à l’aide d’un livre du même titre édité par La Maison de la Bible et écrit par Nancy DeMoss Wolgemuth et Tim Grissom, Pour davantage de renseignements, visitez notre site Internet : www.french.flywheelstaging.com Là, vous pouvez chercher sous l’onglet « Ressources / livres ». Vous y trouverez toutes les informations.
Est-ce possible de retrouver la liberté après avoir été brisée dans le domaine de la sexualité ? Oui, c’est possible ! Et nous en parlerons dans le prochain épisode. Je vous invite à nous rejoindre pour le podcast suivant avec Réveille nos cœurs.
Juste avant de nous quitter pour aujourd’hui, prions ensemble.
Nancy : Alors qu’on est en prière, peut-être qu’il y a quelqu’un parmi vous qui se dit : « Je sais que je dois pardonner telle ou telle chose, mais il y a un combat dans mon cœur. » J’aimerais vous dire que ce que vous éprouvez, c’est ce qu’Immaculée a elle aussi éprouvé, quand elle était enfermée dans cette toute petite salle de bains. Elle disait : « Je ne vois pas du tout comment je pourrais… »
Oh Seigneur, de tout mon cœur je te prie ! Et de tout notre cœur, nous te prions. Ta parole dit : « Veillez à ce que personne – [personne] – ne se prive de la grâce de Dieu. » (Hébreux 12 :15) Je te prie pour toutes ces personnes que ta Parole a touchées, toutes celles qui désirent recevoir la grâce de pardonner, qui luttent pour se débarrasser de cette racine d’amertume. Je ne connais pas leur situation, mais je sais que toi, Tu la connais.
Et c’est pourquoi, ensemble, on les confie à ta grâce. Fais preuve envers elles de la miséricorde dont elles ont besoin, dont nous avons tous besoin, et donne-leur la grâce de pardonner. Amen !
*Cantique en anglais: « How Firm a Foundation » de John Rippon, 1787
ROH Podcast series: Seeking Him – The joy of personal revival
Tous les extraits de la Bible sont tirés de la version Louis Segond 1910 (sauf spécifié dans le texte).
Réveille nos cœurs est le ministère francophone de Revive Our Hearts, initiative de Life Action Ministries avec Nancy DeMoss Wolgemuth.
Avec les voix de Christine Reymond et Jeannette Kossmann.
Pour des raisons de confort de langage et de lecture, ces transcriptions peuvent présenter des différences mineures entre ce qui est écrit et ce qui est parlé.
Segond 21 © 2007 Société Biblique de Genève