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Bien vieillir 

J’ai grandi aux portes d’Hollywood, la capitale mondiale de la beauté. Lorsque des amis me rendaient visite, ils étaient stupéfaits par le nombre de « super canons » qu’il y avait dans mon quartier. Je ne sais pas si c’est le fait de constamment voir des visages et des corps parfaitement soignés ou à cause d’un désir profondément ancré en moi, mais, au cours de mon adolescence, je me rappelle avoir fait cette prière : « Dieu, fais que je sois belle, s’il te plaît. Et si tu le fais, j’utiliserai ma beauté pour te glorifier. »

Je ris aujourd’hui de ma prière de jeunesse égoïste, mais même à l’aube de mes quarante-sept ans, j’aspire à être belle. Cependant, comme l’a prouvé ma quarantaine, le vieillissement n’est pas toujours un processus agréable, et les rides n’attirent pas les regards. Pas plus qu’un diagnostic de cancer en phase terminale et des années de traitements lourds. Ma peau, autrefois ferme et éclatante, témoigne des effets implacables de la gravité, accélérés par des années de chimiothérapie.

La course contre le temps

À trente ans, je suis restée bouche bée, lorsqu’une de mes collègues de travail, également trentenaire, m’a détaillé son plan pour des traitements à vie au Botox. À cette époque, le Botox venait à peine d’arriver sur le marché, il n’était même pas homologué et il y avait une certaine méfiance. J’ai contemplé le visage de mon amie — encore éclatant de jeunesse — et j’étais triste de voir que la vieillesse lui fasse si peur. 

J’étais loin de me douter qu’en dix ans, le Botox, les liftings, les peelings et la chirurgie esthétique deviendraient aussi courants et accessibles qu’un abonnement à une salle de sport, et que les femmes dans la vingtaine commenceraient leur régime de paralysie musculaire et de modification du visage dans une folle course contre la montre. Aujourd’hui, je vois d’innombrables actrices figer leur visage pour en faire des photos parfaites, mais cependant sans expression. Je vois également des femmes chrétiennes plus âgées paraître soudainement dix ans plus jeunes, avec des joues rebondies et des bouches bien tendues. Et je me regarde moi-même dans le miroir en me demandant : « Et si je pouvais me débarrasser de ces bajoues affaissées et de ces rides qui se creusent ? Et que se passera-t-il si je choisis de ne rien faire et si je finis par paraître vingt ans de plus que les amies de mon âge ? »

Joie radieuse

Avant mon premier diagnostic de cancer à l’âge de 41 ans, on me disait souvent que je faisais jeune pour mon âge. Je pense qu’inconsciemment, je me sentais spéciale, peut-être même un peu supérieure, en paraissant plus jeune que les femmes de mon âge. Mais mon combat de cinq ans contre le cancer a changé tout cela : J’ai perdu ma belle chevelure — je me suis retrouvée chauve deux fois — j’ai perdu mes sourcils et mes cils, ma peau saine et mes yeux brillants. Il y a eu des semaines où j’avais plutôt l’air d’un vieil homme de 80 ans. Ces pertes ont touché le cœur même de mon identité de femme, révélant à quel point mon désir de beauté juvénile est profond. Je me suis tour à tour affligée et effrayée, j’ai ressenti de la honte et parfois même du désespoir face à mon reflet dans le miroir.

Mais mon chagrin m’a poussée à faire une prière : 

Dieu, donne-moi une beauté qui n’a pas de sens pour ce monde — une beauté qui brille et même grandit à travers tout cela, et qui, en fin de compte, pointe vers toi. Quand les gens me voient, qu’ils puissent penser : « Elle n’est pas belle selon les normes culturelles, mais elle a une beauté irrésistible et je veux savoir d’où ça vient. »

Même si j’ai pleuré la perte de mes traits de jeunesse et la façon dont la chimio a vieilli mon visage, j’ai été émerveillée de voir Dieu répondre à ma prière. Il m’a lentement libérée de mon obsession de moi-même, faisant des miracles dans mon cœur et forgeant une nouvelle confiance en moi, confiance qui se lit littéralement sur mon visage. Il a tendrement tenu mon visage dans ses mains et m’a dit :

Quand on tourne les regards vers [moi], on est rayonnant de joie, et le visage ne rougit pas de honte. (Psaume 34.5)

Créée dans un but précis

Lorsque je me tourne vers Dieu, mon visage devient plus radieux, je n’ai plus honte de mon apparence, et cela se traduit par une beauté qui ne dépend pas de moi. Mon visage a été créé, avec tous ses muscles et mouvements complexes, pour exprimer la joie, l’empathie, la compréhension et l’amour. Dans son livre Transforming Fellowship, Chris Coursey écrit :

« Dans la Bible, avoir le visage de Dieu, c’est avoir la vie, la joie et la bénédiction, tandis que l’absence du visage de Dieu est assimilée à la mort, à l’abandon et au rejet. Ce n’est pas par hasard que le visage est l’endroit où la joie commence et s’arrête… Avec ses quarante-trois muscles, le visage est une plate-forme idéale pour transmettre notre amour et exprimer notre joie les uns envers les autres. »1

Chacun de nos muscles faciaux a été conçu par Dieu dans un but précis, et lorsqu’ils travaillent ensemble dans ce but, il en résulte une véritable beauté indestructible. C’est une beauté qui est relationnelle et centrée sur les autres. Avec ce genre de beauté on n’entre pas dans une pièce en se demandant : « Que pensent-ils de mon apparence ? », mais plutôt : « Comment puis-je me rapprocher d’eux et prendre soin d’eux ? »

Le Botox, les liftings, les peelings et autres ne sont pas des questions morales en soi. (Je n’écris pas cet article pour vous convaincre de ne jamais les utiliser.) Mais pour moi, ils présentent trois problèmes intrinsèques. En modifiant mon visage pour effacer perpétuellement les signes de mon véritable âge, je communique que :

  1. Je ne suis pas reconnaissante pour chaque année qui m’a été donnée ici. J’aimerais prétendre que je n’ai vécu que trente ans au lieu de quarante-sept.
  2. Je suis prête à donner la priorité au fait de me sentir mieux dans ma peau au lieu de prendre soin des besoins autour de moi.
  3. Tout ce qui compte, c’est maintenant.

Pendant les jours qu’il me reste, je veux utiliser le pouvoir de mon visage pour le bien des autres. Je veux utiliser chaque muscle, chaque ride et chaque ligne pour exprimer ma compassion envers un ami qui souffre, ma joie de voir un autre être humain et même mon hilarité face aux aspects comiques de la vie ! Je veux que mon mari et mon fils voient sur mon visage mon amour pour eux, qu’ils voient à quel point je suis heureuse d’être avec eux. 

Pouvez-vous imaginer si nous, les femmes, nous nous attachions à ce genre de beauté aimante ? Et si nous refusions de vivre selon les normes écrasantes que la société nous a imposées — des normes de beauté superficielle qui nous obligent à modifier la fonction même de notre visage pour nous sentir bien dans notre peau. Et si nous célébrions au contraire la beauté vieillie, la joie ridée et les visages qui utilisent les quarante-trois muscles pour aimer les autres ? Et si nous choisissions de transcender la gêne et le chagrin du vieillissement afin de refléter Jésus dans un monde qui en a terriblement besoin ?

Élimination des rides, suppression de la vie

Dans Le Grand Divorce, C.S. Lewis imagine un homme qui a la possibilité de visiter le paradis et l’enfer avant de mourir. Au paradis, l’homme voit une femme radieuse, il est subjugué par « la beauté indescriptible de son visage ». Il apprend que cette femme n’était ni célèbre ni importante lorsqu’elle vivait sur terre — elle aimait simplement les gens, ce qui lui a valu une beauté éternelle à couper le souffle. Un enseignant explique à l’homme l’impact de la vie de cette femme et la raison de sa beauté :

« C’est comme lorsque vous jetez une pierre dans un lac, et que les vagues concentriques s’étendent de plus en plus loin. Qui sait où cela s’arrêtera ? L’humanité rachetée est encore jeune, elle n’a pas encore atteint sa pleine force. Mais il y a déjà assez de joie dans le petit doigt d’une sainte comme cette dame pour faire revenir à la vie toutes les choses mortes de l’univers. »2

Nous sommes à l’aube de l’éternité, et avec elle, une beauté éternelle qui exigera que nous ayons des corps ressuscités pour en supporter l’ampleur. C’est une beauté qui a été achetée par le sang de Jésus, une beauté qui ne peut jamais être gâchée. C’est la beauté accomplie d’Ézéchiel 16 et du Cantique des Cantiques 4 : 

Tu es toute belle, mon amie,

il n’y a aucun défaut en toi.

(Cantique des Cantiques 4.7)

On a commencé à parler de toi parmi les nations, à cause de ta beauté. En effet, elle était parfaite grâce à la splendeur dont je t’avais ornée, déclare le Seigneur, l’Éternel. (Ézéchiel 16.14)

Ces rides et ridules momentanées nous rappellent que cette vie s’évanouit comme une brume (Jacques 4.14), mais que la beauté infinie face à Jésus est presque là. 

 

Notes de l’auteur : Pour plus d’encouragements, voir Psaume 27.4 ; Proverbes 15.13 ; Ezéchiel 16.6-14 ; 1 Pierre 1.21-25 ; Esaïe 60.15 ; 1 Pierre 4.7-8.

 

© Revive Our Hearts. Écrit par Colleen Chao. Traduit et utilisé avec autorisation. 

Tous les extraits de la Bible sont tirés de la version Segond 21 © 2007 Société Biblique de Genève

 

Colleen Chao écrit sur la bonté de Dieu dans son voyage à travers le célibat, la dépression, la maladie chronique et le cancer. Elle est l’auteur de In the Hands of a Fiercely Tender God : 31 Days of Hope, Honesty, and Encouragement for the Sufferer. Elle vit près de Boise, dans l’Idaho, avec son mari, Eddie, leur fils Jeremy et le chien Willow.

 

1 Chris Coursey, Transforming Fellowship: 19 Brain Skills That Build Joyful Community (East Peoria, Il: Shepherd’s House, Incorporated, 2016), 52.

2 C. S. Lewis, The Great Divorce (Digicat, 2022). 

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