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Vivre à la lumière de QUI il est…

Je dois vivre à la lumière de qui il est et pas de ce qu’il fait — même si je le vois faire des choses pour moi tout le temps. C’est ce que je retiens de cette série sur Habakuk.

Cela doit faire environ six semaines, notre fille autiste, jeune adulte, qui est aussi bipolaire, a eu l’un de ces horribles épisodes, maniaco-dépressifs, infernaux si je peux me permettre, où nous avons failli devoir la faire hospitaliser.

Sans vous raconter en détail,, à la fin de l’été, elle a obtenu son diplôme d’études secondaires, j’avais passé tout l’été à organiser sa nouvelle vie — les soignants, les programmes et les intervenants. Elle était sortie de cet épisode infernal de six semaines, et je pense que j’étais émotionnellement et spirituellement épuisée, mais je continuais à faire confiance à Dieu, car nous nous en étions sortis.

Soudainement, elle s’est braquée et a dit : « Je ne ferai rien. Je ne le ferai pas ». J’étais dévastée. Je pensais : « Oh non ! Dieu, pourquoi as-tu permis l’organisation de tous ces formidables soignants et tous ces bons programmes pour en arriver à un point où je ne peux pas la forcer à faire quoi que ce soit ? » J’étais tellement vulnérable ce jour-là que j’ai commencé à m’effondrer lentement en moi-même. Au fur et à mesure qu’elle sombrait, je sombrais avec elle, et je descendais de plus en plus bas. Je me souviens avoir pensé à des choses comme : « D’accord, j’en ai assez, Seigneur. Je ne veux plus m’occuper d’elle. Est-il temps de la mettre dans un foyer ? J’en ai marre ».

J’ai une question à vous poser : êtes-vous déjà tombées aussi bas qu’Habakuk en termes de détresse ? Parce que je n’étais jamais descendue aussi bas avant dans ma vie chrétienne. Aussi loin que je me souvienne, je ne me suis jamais sentie  aussi désespérée, aussi déprimée, aussi abandonnée. Je me rappelle de ce jour où je la ramenais à la maison après un cours de natation auquel elle avait refusé de participer, et toute la colère est remontée en moi : « Cette enfant refuse de coopérer, elle va finir par ne plus sortir de sa chambre pour le reste de sa vie et tout ce que l’on fait ne sert à rien ».

Elle pleurait. De mon côté, je suis sortie et je suis allée derrière la maison et me suis assise sur une chaise dans un coin, là j’ai éclaté en sanglots. J’ai pleuré longtemps et j’en ai voulu à Dieu. Je me souviens qu’en fin de compte, j’ai dit : « Dieu, tu m’as abandonnée ».

Je pensais à toutes sortes de choses, et je sombrais de plus en plus. « Rien ne s’améliore. Elle continue d’avoir ces crises. Où es-tu ? Pourquoi ne m’aides-tu pas ? Tu pourrais changer son cœur. Tu as changé le cœur des rois. Pourquoi ne fais-tu rien avec ma fille ? »

Mes souvenirs sont un peu flous, mais je me rappelle avoir regardé les arbres et la lumière du soleil en pensant : « Je sais que tu es là-bas, et je sais que tu es en moi. Je ne te sens pas, mais je sais que ta Parole est vraie. Je sais que ta Parole est vraie ».

À chacun de mes anniversaires, j’ai pris l’habitude de choisir un verset pour l’année à venir. Cette fois-ci, c’était le Psaume 13.5-6 où il est dit : « Moi, j’ai confiance en ta bonté, j’ai de la joie dans le cœur à cause de ton salut. Je veux chanter en l’honneur de l’Éternel, car il m’a fait du bien. ».

Je me souviens d’avoir pensé : « Oh Seigneur, c’est mon verset pour l’année ». Je me souviens d’être revenue dessus en me disant : « Je vais le dire. Je vais le dire… », mais mon ressenti n’y était pas. C’était un peu comme si je me forçais.

Je me souviens m’être sentie très engourdie, et c’était effrayant. C’était un moment effrayant de ma vie, et quand on a commencé à étudier le livre d’Habakuk, j’ai pensé : « Tu sais quoi ? Je parie qu’Habakuk avait peur de se sentir ainsi devant Dieu, de douter du Dieu qu’il connaissait, qu’il aimait et en qui il avait confiance ». C’est comme avoir vécu dans la confiance en Dieu et qu’elle semble t’avoir tout à coup quitté — non pas que tu aies abandonné ta foi, mais c’était un moment de grand découragement. Il y a des moments où les circonstances sont tellement lourdes et accablantes.

Même en sachant ce que je savais et en ayant vécu ce que j’ai vécu, je ne voyais pas sa main. Je ne ressentais pas son réconfort, et il n’est pas intervenu juste parce que j’ai lu mon verset. Cela a continué toute la nuit, et je n’ai pas pu dormir du tout.

Au milieu de la nuit, je me suis levée et j’ai pensé : « Eh bien, je vais prendre mon temps de méditation un peu plus tôt ce matin ». Je lisais les Psaumes, et je suis arrivée au Psaume 77. Je ne vais pas tout lire, mais l’auteur crie au Seigneur. Il est en détresse. Il cherche le Seigneur. Il gémit et réfléchit. Ses yeux ne peuvent pas se fermer ; il ne peut pas dormir.

En lisant ceci… je me suis dit : «Me voici arrivée au Psaume 77 et il n’y a vraiment rien d’encourageant pour moi ». En lisant ce passage, je me suis tout de suite identifiée à ce que l’auteur écrivait parce que c’était ce que je vivais. C’était une énigme comme pour Habakuk. C’était une crise.

Le psalmiste dit au verset 8 : «Le Seigneur me rejettera-t-il pour toujours? Ne se montrera-t-il plus favorable? Sa bonté est-elle définitivement épuisée? Sa parole a-t-elle disparu pour l’éternité? Dieu a-t-il oublié de faire grâce? A-t-il, dans sa colère, retiré sa compassion? »

Je suis restée là et j’ai pensé : « Tu m’as fait des promesses. Tu es censé être bon et compatissant pour moi ». J’ai cherché ma paix dans les Écritures, mais je n’ai pas trouvé de réconfort. Pas du tout. Cela m’a effrayée. Plus loin dans le psaume, il dit : « Je me dis: «Ce qui fait ma souffrance, c’est que la main droite du Très-Haut n’est plus la même.» » (v. 11). J’ai voulu voir ce passage en contexte et en effet, il parle des Israélites et de la traversée des eaux, et voilà comment cela se termine. Il dit : «Tu as fait ton chemin dans la mer, ton sentier au fond de l’eau, et personne n’a reconnu tes traces. » (v. 20).

Cela m’a simplement transpercé le cœur, et j’ai pensé : « Oui. J’avais l’impression d’être passée par un ouragan, et tu m’as rappelée ici. Tu étais juste là avec moi. Tu montrais le chemin, alors que je cherchais à te voir. Je voulais que cela ait un sens. Je voulais que tu me réconfortes, mais tu ne l’as pas fait. Tu as fait ton chemin devant moi, même si je ne pouvais pas le voir ».

Puis le psaume se termine en rappelant que « Tu as conduit ton peuple comme un troupeau » (v21). Tu es mon berger, et donc je vais me confier en ta bonté infaillible qui est parfaite pour moi. Mon cœur se réjouira parce que tu me sauves, même si je ne le sais pas.

Je vais chanter à l’Éternel, car tu m’as fait du bien. Je vais chanter « Dieu ta fidélité » et « Quel repos céleste ». Puis je vais terminer avec ce verset : « Ceux qui comptent sur l’Éternel (comme Habakuk l’a fait) renouvellent leur force. Ils prennent leur envol comme les aigles. Ils courent sans s’épuiser, ils marchent sans se fatiguer.» (Esaïe 40.31).

La chose la plus importante que j’en retire, c’est : « Seigneur, enseigne-moi à attendre dans les bons moments et dans les mauvais, quand je ne sens pas ta présence et quand je la sens, à attendre, à écouter et à croire, à faire confiance ».

Même si je ne vois pas sa main, même si je ne vois pas ses traces, je peux avoir confiance en lui parce que je connais les dispositions de son cœur. J’ai passé tellement de temps à lire sa Parole, à lire les Psaumes. Je peux avoir confiance en son lui même si rien n’a changé extérieurement.

C’est vraiment le fondement de tout le livre d’Habakuk. Il en est arrivé au point où il pouvait faire confiance à Dieu par la foi, quelles que soient les circonstances. En y réfléchissant, je me suis dit : « C’est remarquable que toutes ces personnes figurant dans la liste des héros de la foi, d’Hébreux 11, la plupart du temps, ont marché sans connaître toutes les réponses ». C’est ce qui fait d’eux des hommes et des femmes de foi. C’est parce qu’ils n’avaient pas toutes les réponses.

Finalement, le message de notre vie doit être un témoignage de la fidélité de Dieu. Ce n’est pas la foi en nous-mêmes, en notre église, en notre capacité, en nos connaissances. C’est la foi en la fidélité de Dieu, et il ne change pas.

Juste pour la fin de l’histoire au sujet de ma fille, au cas où vous vous poseriez la question. C’était une période tellement difficile, et je me suis dit : « Qu’est-ce qu’on va faire ? La mettre dans une institution ? » Je m’étais pourtant promis de ne jamais le faire. Mais après tout ce que nous avions vécu, après avoir failli l’hospitaliser, et maintenant cette situation…. Elle ne voulait pas coopérer, et qu’allaient dire les services sociaux ? Mes sentiments et mes questions se bousculaient dans ma tête.

Ce soir-là, dans mon grand chagrin, j’ai dit à ma famille : « Vous pouvez aller dîner seuls. Je m’enferme dans ma chambre. Je n’en peux plus. » Je me suis réveillée le lendemain matin, et elle était censée aller à sa prochaine activité. Je ne savais pas à quoi m’attendre. Elle est descendue. « Qu’est-ce qu’on mange, maman ? » J’ai préparé le petit-déjeuner. Elle s’est habillée. « Je vais jouer au golf ce matin ?
– Oui, exactement. »

– « Et le déjeuner ? 

– Oui. »

– « Puis je dois aller à la bibliothèque ? 

– Oui, c’est ça, Stéphanie. 

–D’accord. »

Elle est sortie avec une toute nouvelle aide-soignante qu’elle n’avait jamais eue auparavant. Quand j’y repense, sa réaction était en grande partie dûe à tous ces  changements d’un seul coup. Les autistes n’aiment pas les changements, et encore moins beaucoup de changements en même temps. Mais le lendemain matin, elle allait bien, et ça se passe bien depuis.

Judy est l’une de mes aides-soignantes qui viennent trois jours par semaine. Dieu nous a gâtés avec cette merveilleuse Judy. Je ne sais pas pourquoi j’ai dû traverser cette épreuve, mon mari ne le sait pas non plus, mais ce que je sais maintenant, c’est que ce Psaume 77 est devenu réel pour moi et m’est devenu si précieux, tout comme mon verset de l’année du Psaume 13.

Mais Habakuk m’a fait comprendre ce que j’ai vécu à l’époque et comment j’ai échoué au test.

Alors Seigneur, apprends-moi à vivre à la lumière de qui tu es. À connaître les dispositions de ton cœur et à te faire confiance, quelles que soient les circonstances.

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