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Un murmure dans le tumulte

Trente ans d’enseignement en maternelle ont donné à ma mère un remarquable superpouvoir : les mots doux. Je l’ai vue maîtriser des petits enfants en pleine bagarre ou en pleine crise de larmes, simplement en se mettant à genoux à côté d’eux et en leur parlant doucement. 

Elle leur murmure. « Je n’aime pas te voir comme ça. Dis-moi ce qui te tracasse. »  Et avec un peu de temps, les dos tournés et les poings serrés se transforment en câlins. Les moues se transforment en sourires. Avec un ou deux mots doux, elle pouvait transformer la plus violente tempête en une journée ensoleillée.

Une fois, un de mes garçons était très en colère. Aucune menace ou négociation ne pouvait le calmer. Il me poussait à bout, je m’étais mise en mode “maman en colère”. J’allais montrer à ce petit garçon qui était le patron. Mais Super Gigi est arrivé à la rescousse ! (Mes garçons appellent ma mère Gigi.)

Elle a regardé mon petit gars dans les yeux, elle s’est penchée et a chuchoté quelque chose de doux dans sa petite oreille. Les pleurs ont cessé. Et au lieu d’un bambin en colère et hors de contrôle, il n’y avait plus que mon gentil garçon. Prêt à laisser tomber ce qui le tracassait, il a simplement glissé sa petite main dans la sienne. Je n’ai jamais oublié cette leçon. Que ce soit dans l’éducation des enfants, le mariage ou encore en amitié, ma mère savait quelque chose que la plupart d’entre nous ne semblons pas savoir – souvent, les mots les plus puissants sont ceux prononcés avec douceur. 

 

La bible a des récits fascinants de femmes qui ont murmuré. Zéresh et Claudia sont deux de mes favorites. Vous ne vous souvenez pas d’elles ? Ce n’est pas une surprise. Leur empreinte sur la grande histoire de Dieu est subtile, mais tout de même importante. 

Nous rencontrons Zéresh dans le livre d’Esther. Elle était l’épouse de Haaman, ce maître manipulateur sans foi ni loi qui a planifié l’anéantissement des Juifs. Si vous lisez Esther 5 :9-13, vous trouverez Haman en colère parce que Mardochée n’a pas tremblé devant lui. (Il est rentré à la maison très en colère, et Zéresh, sa femme, a prononcé des mots qui allaient changer la trajectoire de sa famille pour toujours.)

« Sa femme Zéresh et tous ses amis lui suggérèrent alors : « Fais préparer une potence de 25 mètres de haut et demain matin demande au roi qu’on y pende Mardochée. Tu pourras ensuite accompagner dans la joie le roi au banquet. » Haman trouva le conseil bon et fit préparer la potence. » (v14)

Bien sûr, Haman était haineux et maléfique, mais faites un arrêt sur image pendant un moment. Ses mots sont pleins de violence mais jusque-là, il n’avait pas de plan concret. Sa femme l’a manipulé pour alimenter son orgueil, et non pour l’encourager à embrasser la vie humble et juste à laquelle Dieu appelle chacun de nous. Cela a mal tourné pour Haman et pour Zéresh. (Ne manquez pas de lire la suite de l’histoire dans Esther 7).

Zéresh me fascine parce que je vois dans son histoire le pouvoir unique et mystérieux des paroles d’une femme. Nous pouvons facilement penser que pour être une femme d’influence il nous faut faire beaucoup de bruit. Mais l’influence de cette femme s’est exprimée dans ces quelques mots murmurés à l’oreille de son mari. Combien de fois ai-je utilisé mon influence pour murmurer des mots sans sagesse aux oreilles de mon mari, de mes enfants, de mes amis ? Gulp !

Claudia est un contraste frappant avec Zéresh. Ce nom ne vous dit rien ? C’est parce qu’elle n’est pas nommée dans les Écritures, mais l’histoire rapporte que Claudia était la femme de Pilate. Alors que Jésus se tenait devant le mari de Claudia, qu’il était jugé et risquait la peine de mort, Claudia a murmuré quelques mots. Au milieu du grand drame de cette journée qui allait conduire Jésus à la croix, ce léger murmure passe parfois inaperçu :

« Pendant qu’il siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire : « N’aie rien à faire avec ce juste, car aujourd’hui j’ai beaucoup souffert dans un rêve à cause de lui. » Matthieu 27 :19

Que pensait Claudia de Jésus ? Selon elle, était-il le Sauveur ? 

Le Messie ? Le Roi à venir ? Nous ne le savons pas. Mais quoi qu’il en soit, elle a ressenti de l’effroi et a envoyé un message – juste quelques mots, murmurés à l’oreille de son puissant mari à l’un des moments les plus importants de l’histoire humaine. 

Quelques heures après le message de Claudia, le sang du Christ allait être versé pour nous. En quelques mots, Claudia a utilisé son influence pour persuader son mari de se laver les mains de la mort de notre Sauveur innocent (Matt. 27 :24-26).

Dans les histoires de la Bible d’autres personnes ont aussi murmuré :

Sarah a murmuré une prière depuis sa tente.

Miriam a murmuré des ragots sur son frère, Moïse.

La femme anonyme a murmuré son besoin d’être guérie. 

Dans chaque cas, les mots murmurés dans le silence ont eu un grand impact. 

Nous vivons dans un monde où le volume sonore semble être au maximum, et où le bruit de la vie est assourdissant. Nous sommes bombardés de messages qui disent « fais-toi entendre »

Il y a tellement de gens qui cherchent à prendre le contrôle des autres en étant bruyants. (Souvent, moi y compris.) En exigeant… en paradant… en criant… Mais les femmes qui ont eu le plus d’influence dans ma vie ont adopté une approche beaucoup plus douce. Elles ne sont pas sans voix, mais plutôt comme Pierre le décrit dans 1 Pierre 3 :3-4 : 

« Que votre parure ne soit pas une parure extérieure – cheveux tressés, ornements d’or ou vêtements élégants – 4 mais plutôt celle intérieure et cachée du cœur, la pureté incorruptible d’un esprit doux et paisible, qui est d’une grande valeur devant Dieu. » 

Dans un monde devenu bruyant, Dieu nous a donné un super pouvoir : le chuchotement. Comment pouvez-vous utiliser vos mots doux pour en dire plus aujourd’hui ?

 

© Revive Our Hearts. Écrit par Erin Davis.  Traduit et utilisé avec autorisation. 

Tous les extraits de la Bible sont tirés de la version Segond 21 © 2007 Société Biblique de Genève

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