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Petit récapitulatif de la fausse trinité de l’idolâtrie…

Vous pouvez prendre n’importe quel livre protestant sur la vie chrétienne, vous aurez toutes les chances d’y trouver cette phrase attribuée à Jean Calvin: « Nos cœurs sont des usines à idoles. » Cette citation met en lumière une vérité qui dérange avec une image bien connue. Même si Calvin ne pouvait pas imaginer les chaînes de montages et les tapis roulants des usines modernes, je ne peux m’empêcher de penser à la célèbre scène avec Charlie Chaplin dans les Temps Modernes lorsqu’il essaie de boulonner les pièces alors que la machine accélère.1 Calvin essaie de nous dire que c’est la même chose avec notre cœur. Nous ne pouvons pas garder la cadence, notre cœur produit tant d’idoles, plus que ce que nous parvenons à détruire. 

D’un autre côté, je crois qu’on peut aussi mal comprendre cette citation, en croyant que notre cœur produit constamment des idoles. Dès qu’on en élimine une, une autre surgit pour prendre sa place. Même si cela peut correspondre à notre ressenti, je crois que nous éliminons simplement le fruit, l’idole étant toujours prête à produire un fruit différent (voire le même à nouveau).

Pour éliminer une idole, il faut la combattre à sa racine. Les réseaux sociaux ne sont pas l’idole, la pornographie n’est pas l’idole, la caféine n’est pas l’idole, pas plus que la cupidité, la convoitise ou la colère. Toutes ces choses n’en sont que les fruits. Trouver la racine peut sembler impossible. Vous vous dites sûrement que vous ne savez même pas où chercher. La bonne nouvelle, c’est que si les fruits peuvent être de taille ou de forme diverses, il n’y a que trois sortes de racines. Je suis convaincue que si nous combattons ces idoles (et ce n’est pas chose facile, je vous l’accorde ! ) nous verrons des changements durables et une véritable croissance spirituelle.

1re idole : l’approbation

La première racine de l’idolâtrie est l’approbation, l’estime des autres. On aimerait bien pouvoir se dire que nous avons laissé ce problème derrière nous, au collège, quand on était jeunes et un peu gauches avec nos appareils dentaires, mais on sait bien que ce n’est pas vrai. Ce que les autres pensent de nous est important et on aime bien avoir leur approbation. Sur les réseaux sociaux, on dit aux mères et aux femmes au foyer que leur cuisine, leur décoration, leur régime et leur sens de la mode ne sont pas à la hauteur et on laisse entendre aux gars que leurs muscles ne sont pas assez gros, que leur voiture n’est pas assez rapide et que leur petite amie n’est pas assez jolie. C’est la raison pour laquelle nous faisons le ménage en catastrophe lorsqu’un invité arrive et que nous avons envie de nous cacher dans un trou de souris lorsque nous découvrons qu’un morceau de papier toilette est resté collé à notre chaussure. 

Ces fruits peuvent sembler banals et insignifiants, mais les adultes sont aussi sensibles à la reconnaissance. C’est peut-être la raison pour laquelle un homme quitte sa femme, une femme cherche à se faire avorter ou une famille renie sa fille qui est tombée enceinte hors mariage. Un achat important qui entraîne une dette considérable, un CV falsifié et le fait de ne pas partager l’Évangile avec un ami sont également des situations où  l’on cherche à préserver notre reconnaissance. Les tentacules de cette idole sont partout, mais attention, il ne suffit pas de lui couper un bras. Si vous ne lui tranchez pas la gorge, elle ne mourra pas. 

Alors, comment parvenir à lui trancher la gorge ? D’abord, se repentir. C’est toujours la première chose à faire. Reconnaissez devant Dieu que vous êtes droguée à ce que les autres pensent de vous  et que vous voulez revenir à lui. Après la repentance, il est important de prendre conscience de ce que vous combattez. Ce ne sont pas les réseaux sociaux. C’est l’idole de l’approbation. Si vous vous contentez de faire abstinence de Facebook, cette idole apparaîtra ailleurs. Un jeûne des réseaux sociaux est peut-être nécessaire. Mais ne vous arrêtez pas là — un changement de comportement n’est pas un changement de cœur. 

Changez d’objectif. L’approbation est liée au besoin d’être satisfait et comblé. Cependant, votre vie a pour but de rendre gloire à votre Créateur, et non de manipuler sa création pour qu’elle vous serve. Prenez le temps de connaître votre Dieu et de contempler sa gloire. Lisez Ésaïe 40 ou le Psaume 18, désaltérez-vous au puits de la majesté divine, et vous verrez que l’idole de l’approbation perdra de son emprise sur votre vie. 

Enfin, l’approbation exige que vous soyez servi et que les autres chantent vos éloges. Alors cherchez des moyens d’aimer et de servir les autres plutôt que de les utiliser. Lorsque vous cessez d’utiliser les gens comme des outils à votre avantage et que vous commencez à les servir et à les aimer, il ne faudra pas attendre bien longtemps avant que cette idole de l’approbation disparaisse.

2e idole : le confort

La deuxième idole que nos cœurs produisent est le confort.  Il faut bien le reconnaître, nous aimons notre confort et détestons lorsqu’il est compromis. Beaucoup de ces fruits ne sont pas des choses mauvaises en soi : une tasse de café ou un bol de glace, une émission de télévision, un bon livre ou une séance d’entraînement revigorante. Le problème survient lorsque ces désirs deviennent démesurés. Vous refusez d’être tenu responsable de ce que vous dites à votre conjoint ou à vos enfants avant d’avoir pris votre café. Vous ne pouvez pas aller vous coucher si vous n’avez pas eu l’occasion de vous « détendre » devant Netflix avec un bol de glace — malheur à quiconque oserait interrompre ces quelques moments sacrés de votre journée ! Vous vous énervez quand il pleut à l’heure de votre séance de sport ou que votre connexion Internet est coupée.

Cette idole produit également d’autres fruits, notamment  la paresse, l’égoïsme, la gourmandise et le manque d’hospitalité. Elle peut même vous empêcher de répondre à l’appel divin pour vous engager dans la mission ou pour partager l’Évangile avec un voisin. Sous sa forme la plus néfaste, l’idole du confort détruit les familles et les mariages par la pornographie et l’infidélité. Prenons l’exemple du péché de David avec Bethsabée. L’adultère (on peut même dire le viol), le meurtre et le tissu de mensonges nécessaires pour couvrir tout cela ont tous été engendrés par cette idole (2 Sam. chap 1-12). On pourrait croire que c’est une petite idole docile, mais au final, le confort est un maître aussi cruel que les autres.

Il est important de noter ici que le moyen de détruire l’idole du confort n’est pas la privation. Je ne crois pas en un évangile d’abnégation monastique. C’est Dieu qui nous a donné toutes ces choses, et il est juste d’en profiter. La façon de tuer cette idole est de vivre pour un royaume plus élevé : Le royaume de Dieu. Je ne peux pas faire mieux que les mots de Paul, écrivant à un groupe de croyants à qui l’on vendait les mensonges de l’ascétisme et du légalisme : 

Si vous avez été ressuscitée avec Christ, cherchez les choses d’en haut, lorsqu’il est assis à la droite de Dieu. Attachez-vous aux choses d’en haut, et non à celles de la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec lui en Dieu. Lorsque Christ, qui est votre vie, reviendra, vous pourrez vous aussi le rejoindre dans la gloire. (Col. 3.1-4)

Ne vivez pas pour satisfaire vos fantasmes et vos impulsions. Appréciez les dons de Dieu, mais continuez à rechercher son royaume. Vous n’êtes pas sûr de ce que je veux dire ? Encore une fois, je laisse la parole à l’apôtre Paul :

« Ainsi donc, en tant qu’êtres choisis par Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous de sentiments de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous les uns les autres et, si l’un de vous a une raison de se plaindre d’un autre, pardonnez-vous réciproquement. Tout comme Christ vous a pardonné, pardonnez-vous aussi. » (Col. 3.12–13)

Vous voulez vous débarrasser de cette idole du confort ? Repentez-vous de votre idolâtrie, soumettez-vous au vrai Roi et soyez un serviteur miséricordieux, conscient de tout ce qui vous a été pardonné. Appréciez les bienfaits de Dieu, mais ne les laissez surtout pas devenir votre maître.

3e idole : le contrôle

 L’idole du contrôle peut sembler inoffensive, elle n’en est pas moins redoutable. Le perfectionnisme, l’autodiscipline, la résolution de problèmes et l’élaboration de plans peuvent être des fruits socialement acceptables de cette idole coûteuse. Cependant, elle peut aussi porter des fruits graves, voire tragiques, tels que l’anorexie, la maltraitance, la manipulation et l’extorsion. Nous aimerions croire que nous ne luttons pas avec le dieu du contrôle, en nous disant que nous apprécions simplement l’efficacité ou la ponctualité, que tout fonctionne mieux quand les choses sont bien structurées. En tant qu’accro au contrôle, je connais bien toutes ces justifications. C’est vrai, une bonne organisation est précieuse, mais elle peut aussi être une pierre d’achoppement.

Ceux qui ont une personnalité de type A ne sont pas les seuls à se prosterner devant l’autel du contrôle. Cela peut aussi arriver à ceux qui aiment voler de leurs propres ailes. Utilisons une illustration. Prenons l’exemple de la fille toujours ponctuelle et de sa collègue, retardataire chronique. Bien qu’elles soient aux antipodes l’une de l’autre, elles peuvent en fait servir le même dieu. Bien sûr, il est évident que la fille ponctuelle vénère probablement le contrôle. Elle maîtrise son emploi du temps et veille à ce que tout soit parfait pour arriver à l’heure. La retardataire, quant à elle, peut croire qu’elle a le droit de décider de l’heure d’arrivée. Elle contrôle la situation, donc personne ne devrait se soucier de son retard, n’est-ce pas ? Bien sûr, ce n’est pas le cas de tous les retardataires… Ce n’est pas un péché en soi d’être en retard pas plus qu’il est vertueux d’être ponctuel, j’essaie simplement de montrer comment deux fruits apparemment différents peuvent en fait provenir de la même source. 

L’idole du contrôle est partout, mais comment l’arrêter ? Vous connaissez déjà la première étape. Repentez-vous. Appelez cette idole par son nom et détournez-vous d’elle. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi nous aimons tant tout contrôler ? C’est tout simplement parce que, comme Ève dans le jardin il y a bien longtemps, nous voulons être comme Dieu. Nous voulons usurper sa souveraineté et régner sur nos propres royaumes comme des petits dictateurs. Mais je ne suis pas Dieu, et vous non plus. Nous ne sommes pas des potiers, nous sommes des vases d’argile, appelés à ne pas dire au vrai Potier comment faire son travail, mais à se soumettre à la volonté du maître Artiste dans nos vies.

J’ai peut-être parlé avec audace au cours de cette série, mais je me suis avant tout parlé à moi-même. J’aime mon confort, je suis accro à l’approbation et je lutte vigoureusement contre l’envie de tout contrôler. J’ai besoin de me repentir et de me tourner vers Dieu, non pas une seule fois, mais chaque jour, en m’humiliant devant lui et en me rappelant qu’il est Dieu et que je ne le suis pas. Il a promis de pardonner et, grâce au sang de son Fils, je sais qu’il le fera à  nouveau (1 Jean 1.9).

Pour conclure, rappelons-nous des paroles du disciple bien-aimé « Petits enfants, gardez-vous des idoles »(1 Jean 5.21).

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1 Film Les temps modernes, si vous ne le connaissez pas, allez le voir ici: https://www.youtube.com/watch?v=6n9ESFJTnHs 

 

Présentation de l’auteur – Cindy Matson  

Elle vit dans une petite ville du Minnesota avec son mari, son fils, sa fille et leur chien noir. Elle aime la lecture, le café, et les entraînements de basket-ball. Vous pouvez aller consulter son site biblestudynerd.com.

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